
PRINTEMPS SOCIAL, CA CONTINU ! Il y a 50 ans, mai-68, le plus important mouvement social français de la fin du XXe siècle, la plus grande grève de l’histoire de France avec des millions de grévistes. Une action commune de toutes les professions, du privé comme du public, avec la jeunesse, pour peser sur les décisions politiques et patronales.
Après avoir délibérément résilié mon sursis pour étude, le 1er sept-1967 et avoir été incorporé illico au 75è RIP pour y effectuer un « faux-semblant » de classes, je suis affecté comme gestionnaire au self du quartier Général Frère avec la permission d’un « officier orienteur » m’autorisant à poursuivre mes études interrompues.
En contre partie, j’avais pour missions d’alphabétiser le chauffeur illettré affecté à mon service avec son 4×4 pour récupérer le ravitaillement quotidien aux « Subsistances » [1] devenues aujourd’hui « Centre culturel ». De plus, j’essayais autant que faire se peut de poursuivre mes études comptables par Télé Enseignement.
Les permissions journalières que je m’octroyais pour la journée restante et la nuit entière, étaient synchronisées entre ma contribution à un groupe de réflexion JOC sur notre vie, notre avenir et pour une société plus humaine, avec plus de liberté, de démocratie, de justice sociale … !
C’était parti pour une aventure rythmée entre une vie étudiante active en FAC de Droit du travail et
de la Sécurité Sociale à Lyon 3, durant 16 mois (+10 jours de bonus*) d’un service militaire tout aussi actif y compris dans la rue avec les copains et les manifestants !
Et pour compléter le tableau, +10 jours d’arrêts*, pour acte de rébellion … pour s’être exempté de tire au PM afin de pouvoir rassasier la troupe, avoir participé à la rédaction de devises contraires à la discipline …. Cette accumulation d’initiatives, d’opportunités et de responsabilités a été déclencheur de prise de conscience collective mais aussi personnelle.
Cela a facilité bien des orientations et d’adaptations à la vie active, m’incitant avec la bande de copains à devenir acteur des changements profonds et indispensables de notre société, à imaginer des alternatives à l’ordre économique, social et culturel établi, à envisager un État au service de l’Humain et non du capital
… De quoi donner des sueurs froides à ceux qui, aujourd’hui, se proclament « et de droite et de gauche » pour en liquider un héritage durement acquis.
Un printemps social 2018 qui s’inscrit aussi dans un contexte social très agité où retraités, étudiants, chômeurs, sans papiers, réfugiés, fonctionnaires, hospitaliers, cheminots, salariés de Carrefour, des Galeries Lafayette, des Ehpad, d’Air France … expriment leur mécontentement.
Les ordonnances Macron sur la loi Travail donnant les pleins pouvoirs au patronat pour abuser du droit de licencier, démolissant le Code du travail, démantelant les instances représentatives du personnel, réduisant les droits syndicaux, cassant les statuts etc. Des attaques tout azimut, y compris pour les retraites avec la hausse de +1,7% de la CSG alors que l’ISF est supprimé pour les riches, ce qui se traduit par la baisse de -1,84% sur notre pension nette …
Sans parler des attaques au droit au logement avec son cortège d’expulsions, la baisse de 5€ des APL. Et dernièrement l’atteinte aux droits des personnes en situation de handicap pour lesquels « La République en Marche » a voté la diminution drastique du nombre de logements accessibles dont le pourcentage construit passera de 100 % à 10 % … loin de répondre aux besoins des séniors. Un couple de la résidence réclame sa mutation dans un logement adapté depuis l’hospitalisation à domicile de madame (89 ans) maintenant en fauteuil roulant et suite à l’installation de son lit médicalisé prenant toute la chambre, son ami (83 ans) à dû s’installer sur le canapé étroit du salon/cuisine. Depuis monsieur est tombé du canapé et attendent leur mutation dans un appartement où il puisse dormir sans risque dans un vrai lit
…
Pour la Santé, la même stratégie a conduit la majorité à vouloir supprimer dans la Constitution les mots « Sécurité Social » pour le remplacer par le mot « protection ». Face au tollé des syndicats, la REM a dû battre en retraite et retirer son amendement. L’objectif du gouvernement est de remettre en cause le système actuel de redistribution entre actifs et retraités, entre personnes bien portantes et malades … Au delà de ce recul des parlementaire REM, la logique de sape des fondements de la Sécu reste cachée dans le projet macronien.
Mai 68, a été incontestablement porteur d’avancées sociales et sociétales.

Certains médias tentent de faire croire à ceux qui n’ont pas vécu ces événements, que les syndicats ont été débordés et qu’ils n’ont pas vu venir Mai-68. La réalité est ou autre : hausse des prix, dégradation du pouvoir d’achat, attaque sur les acquis entrainèrent des luttes et des grèves importantes tant à Paris qu’en province
Rappel de quelques dates AVANT-PENDANT-APRES MAI 1968

- 1954-1962 : guerre d’indépendance, de décolonisation ou révolution algérienne.
- 1958 : crise de régime tous les pouvoirs octroyés au Général de Gaule.
- 1966 : Appel de tous les syndicats à manifester, les luttes se développent jusqu’en Mai-68.
- Aout-67 : Ord
onnances pour démanteler la Sécurité Sociale, grand acquis de la libération ;
- Mars-68 : grève de 22 jours aux usines Rhodiacetat puis chez Berliet avec fermeture de l’usine
- Mai-68 : A la demande de réalisateurs (Truffaut, Goddard, Berry, Malle, Polanski …) en solidarité avec les étudiants et les ouvriers le 21é festival[2] de Cannes est clôt de façon anticipée, sans attribuer aucun prix.

- 17 mai-68 : grève nationale puissante pour défendre la Sécurité Sociale ;
- 27 mai-68 : Constat de Grenelle, « un texte très important qu’aucune organisation syndicale à signé mais qui servira de base aux très nombreuses négociations ultérieures »
- Le monde bout, la guerre du Vietnam bat son plein. En août-68 les troupes soviétiques mettent fin au Printemps de Prague, Martin Luther King est assassiné le 20 avril-68 …

A ta santé, Gégé
[1] Couvent jusqu’au XVIIIe siècle, rebaptisé « Subsistances militaires » où se préparaient les rations des Poilus puis lieu de stockage jusqu’en 1991 servant à ravitailler les services de l’ordinaire (cuisines des casernes de la région, et transformé en 2003 en lieu dédié à la création artistique international.
[2] Festival de Cannes dont la Cgt est l’une des organisations fondatrices en 1946.